Réduire Son Impact Environnemental – Une Contrainte Ou Une Opportunité ?

L’engagement des transporteurs pour réduire leur impact environnemental revêt de plus en plus un avantage concurrentiel et stratégique

Si la réglementation impose depuis 2017 aux prestataires de transports, de voyageurs comme de marchandises, d’informer chaque bénéficiaire de la quantité de gaz à effet de serre (GES) émise à l’occasion du transport demandé, cette obligation peut s’inscrire dans une démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) plus globale, laquelle revêt désormais une dimension stratégique.

Depuis une dizaine d’années les entreprises de transport sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans une démarche RSE. Elles y voient une manière d’accroître leur notoriété, de fidéliser et d’impliquer leurs collaborateurs et de renforcer leur crédibilité lors des appels d’offres.

Calculer ses émissions de GES peut apparaître comme une nouvelle contrainte réglementaire. Mais c’est aussi un moyen très efficace de sensibiliser ses chauffeurs à l’impact environnemental de leurs activités ; à la nécessité d’adopter une conduite éco-responsable, ce qui naturellement doit générer une réduction de la consommation de carburant. Une dynamique gagnante pour chacun.

Mais calculer ses émissions de GES n’est pas à la portée de toutes les entreprises

Reste que mesurer ses émissions de GES représente pour près de la moitié des patrons de petites entreprises de transport une gageure. Ils sont mal informés sur les technologies qui permettent de le faire. Or 99% des entreprises de transport comptent moins de 50 salariés. Il sera donc difficile d’atteindre les objectifs de décarbonation du transport routier que s’est fixés l’Europe ; à savoir une réduction de 90% d’ici 2050 des émissions de CO2 liées au transport de marchandises.

Un programme pour accompagner les entreprises de TRM dans leur démarche environnementale

Le programme EVE (Engagements Volontaires pour l’Environnement des acteurs de la chaîne logistique et du transport routier) vise justement à sensibiliser les transporteurs, commissionnaires de transport et chargeurs à cet enjeu environnemental. Il repose sur des outils de mesure des émissions de gaz à effets de serres (GES) et des principes méthodologiques, mais aussi sur un accompagnement personnalisé. L’Ademe s’est associée à cette initiative. Elle réalise l’accompagnement technique des entreprises dans leur démarche de réduction d’émissions. Les organisations et fédérations de transport (FNTR, FNTV, OTRE, Union TLF, AUTF) participent aux campagnes de sensibilisation auprès de leurs adhérents. Plus de 1 500 entreprises sont déjà engagées. Au sein de ce programme trois dispositifs ont été mis en place.

Fret21 accompagne les donneurs d’ordre pour gérer l’impact de leurs transports sur leurs activités et leur démarche RSE. Evcom fournit des outils aux commissionnaires de transport et Objectif CO2 soutient les transporteurs routiers sur 4 leviers : les véhicules, les chauffeurs, le carburant et l’organisation du transport. Ce programme a permis à près de 1 300 entreprises de TRM de signé la charte Objectif CO2 et à 431 sociétés (124 groupes) d’obtenir le Label Objectif CO2.

Des aides financières incitatives pour investir dans des véhicules plus propres

 Pour aller plus loin dans la réduction de ses GES, il faut envisager la décarbonation des activités. Celle-ci sera bientôt imposée. Les députés ont voté dernièrement les mesures relatives à la suppression de l’avantage fiscal de la TICPE et à l’interdiction de la vente de poids lourds à motorisation diesel d’ici 2040, lesquelles mesures figuraient dans le projet de loi Climat et Résilience.

Par ailleurs, l’Etat a présenté deux mesures pour soutenir les transporteurs dans leur démarche de renouvellement de flotte de véhicules. Dans le cadre du plan de relance, les entreprises de TRM peuvent bénéficier d’une aide de 50 000 € pour l’achat d’un véhicule électrique ou hydrogène laquelle peut s’ajouter au dispositif de suramortissement dont la durée a été prolongée jusqu’à fin 2024. Les deux mesures cumulées permettent de bénéficier d’une enveloppe de 100 000 € pour l’achat d’un véhicule électrique.

Qu’en pensent les transporteurs?

Daniel Gehringer Directeur Général de Bouché Transport, estime que « malheureusement beaucoup d’entreprises vivent sous perfusion. Celles qui doivent compter sur le remboursement de la TICPE pour dégager du résultat risquent tôt ou tard d’être exsangues ».

Il ajoute : « L’échéance de 2040, permet de se préparer à cette transition énergétique indispensable à nos activités qui sont par nature polluantes. Mais effectivement les entreprises qui commencent tout juste à renouveler leur flotte risquent d’avoir des capacités d’investissement réduites du fait de la baisse des prix que l’on constate actuellement. Nous avons commencé il y a 4 ans, à renouveler tout notre parc de véhicules, qui est à la norme Euro VI aujourd’hui. Les mesures du projet de loi impactent durement essentiellement les petites entreprises de transport qui ont des capacités d‘investissement très réduites ».